Retour sur ma sleeve, trois ans après + photo avant/après

Je vais me répéter ici pour ceux qui ont lu mon précédent billet, mais voilà comment se sont passées les suites directes de mon opération :
J'ai été opérée (26 juin 2014) et tout va bien, je me suis bien remise de l'opération, mes cicatrices sont belles et entièrement refermées.
La réalimentation s'est bien passée, je n'ai jamais eu de blocage alimentaire ou de vomissements, pas de douleurs non plus. Je suis restée environ 3 semaines à l'alimentation semi-liquide / moulinée lisse. Puis j'ai réintroduit les aliments solides, un par un et en faisant attention, et j'ai pu progressivement en quelques semaines reprendre une alimentation normale, en petite quantité.
J'ai revu le chirurgien à un mois post-op, il m'a dit que je m'étais très bien remise et avais très bien réagi à la chirurgie, et que mes cicatrices étaient parfaites. Il m'a donné le feu vert pour partir et reprendre le sport. J'avais perdu une dizaine de kilos, un peu plus, au cours de ce premier mois post-opération. Pendant le mois qui a suivi (été), je me suis baignée quelques fois, j'ai pu nager sans fatigue ni douleur. J'ai souffert de la chaleur et ai dû apprendre à boire très souvent parce qu'en petite quantité, et assez loin des repas.
Pour les repas à la fac, ça allait, je pouvais manger au resto U, sinon j'emmenais un tupperware avec mon repas et une petite boîte avec quelques collations (biscuits, clémentines...etc.) pour tenir la journée.
J'ai repris le sport aussi, me suis inscrite en salle de sport (pour faire du rameur et du vélo elliptique) et ai repris la piscine, j'ai également essayé la Zumba, mais ça ne m'a pas convenu.
Mon diabète s'est très vite équilibré, et l'endocrinologue m'a autorisée a arrêter le traitement, la maladie s'était résorbée. Les apnées du sommeil se sont arrêtées dès la première dizaine de kilos perdus. Je me sentais bien : je n'ai pas ressenti le besoin de revoir la psychologue et la diététicienne.
En janvier 2015 (un peu plus de 6 mois post-op) j'avais perdu environ 25kg depuis l'opération. Ça faisait quelques semaines que je n'avais pas perdu mais je n'étais pas inquiète. Le chirurgien était très content de moi, ma perte avait été progressive et harmonieuse, ma peau résistait bien, ma réalimentation se passait bien, j'avais repris le sport, j'étais bien dans ma peau, j'avais une activité "professionnelle" (scolaire)... le parcours idéal quoi !
Puis... Les semaines ont passé, je ne perdais toujours pas de poids, sans avoir pourtant l'impression d'avoir modifié mon alimentation. Sans avoir l'impression de manger plus que "à ma faim", entre les mini repas et les petites collations au cours de la journée.
Depuis ce jour, je n'ai plus perdu de poids. Je n'en ai pas repris non plus.
Je suis stabilisée autour de 100kg depuis près de 3 ans.
Je ne pense pas que mon estomac se soit énormément dilaté. Un petit peu, de manière normale, mais je suis très loin d'avoir retrouvé mon appétit d'avant.
Je mange disons comme une personne normale qui aurait un petit appétit, c'est à dire que je continue à manger dans des assiettes à dessert, ne me ressers pas, et ne prends la plupart du temps qu'un plat (pas d'entrée ou de dessert). Je prends souvent mon dessert une heure après le repas.
Je ne peux pas boire à table plus qu'un petit demi-verre. Si je bois plus pendant le repas, je suis ballonnée et ne peux plus finir mon assiette. Idem si je bois un verre d'eau juste après le repas. De manière générale, j'ai du mal à mélanger alimentation solide et alimentation liquide, c'est assez désagréable dans l'estomac.
Je continue à éviter les boissons gazeuses, parce que je sais que ça n'est pas bon pour l'estomac au niveau de l'air des bulles. Mais j'ai déjà essayé, et je prends un verre de temps en temps pour de grandes occasions, et je sais que ça ne me provoque aucune douleur ou gêne (pour un petit verre, évidemment).
Je peux réellement manger de tout (sauf les viandes trop sèches et dures comme le sauté de porc, selon la cuisson). Que ce soit en repas (viandes, plats préparés, légumes, féculents) ou en collations (biscuits sucrés ou salés, pain, fromage, brioche, céréales...etc.).
Je peux manger des oeufs sans problèmes sans être malade (il me semble que c'est un souci récurrent chez pas mal d'opérés).
Mon transit est de manière générale bien meilleur qu'avant l'opération. Il m'arrive d'avoir quelques diarrhées, mais je pense pas plus qu'une "personne normale" qui aurait mangé un peu trop gras et riche. C'était un problème récurrent chez moi avant la sleeve, et ça s'est nettement amélioré aujourd'hui.
J'ai pas mal de brûlures d'estomac (qui ne passent pas tant que je n'ai pas pris un cachet pour ça). J'en avais déjà avant la sleeve évidemment, mais ça s'est beaucoup intensifié depuis l'opération. C'est quand je mange un p'tit peu trop. Ou certains aliments très spécifiques (comme les oignons, les noix, la tomate, les plats épicés, le poivron, l'ananas, les agrumes, vinaigrette...etc.) ou bois un verre d'alcool fort (style rhum). C'est assez pénible quand je n'ai pas de traitement, mais largement supportable avec de l'Inexium (un cachet tous les 3-4 jours en moyenne je dirais, je n'en prends que quand je sens les brûlures, et pas en traitement de fond).
L'alcool : j'en buvais déjà très peu avant l'opération, un apéro léger de temps en temps tout au plus. Je ne bois pas de bière (et ça tombe bien, parce que boisson gazeuse...), mais parfois un peu rhum/whisky/vodka avec du jus de fruit, par exemple, ou du punch, du soho... ce genre de choses pas très fortes. Je résiste toujours aussi bien à l'alcool qu'avant, et n'y suis pas très sensible, même après plusieurs verres étalés sur une soirée. Je n'ai jamais été "ivre", et jamais plus qu'un "petit peu joyeuse" (ni avant l'opération, ni après). Par contre, si la vodka passe étonnamment bien, le whisky et le rhum me donnent des brûlures d'estomac assez désagréables.
J'ai fait très peu de "dumping". Je sais que la sleeve n'est pas énormément concernée, mais pour ma part c'est quand même arrivé quelques fois. Ça m'arrive quand je mange trop vite quelque chose de trop gras et/ou trop sucré (et c'est vraiment très loin d'être systématique). Mon premier, ça a été avec un verre de lait et un cookie, mais c'était au tout début après la sleeve. Le pire que j'ai eu ça a été en mangeant des nems de mauvais fastfood, beaucoup trop gras et de mauvaise qualité. Dans l'ensemble, ça ne m'arrive vraiment pas souvent et les symptômes sont minimes : nausées, ballonnement, sueurs froides. Pendant peut-être 20-30min après le repas. Je m'allonge un peu et ça passe.
Je peux vraiment manger de tout, et ça c'est génial. Par exemple ce soir, j'ai mangé une petite raclette en famille, et pour moi ça a été : une petite pomme de terre, une tranche de jambon blanc et deux tranches de rosette, avec deux ou trois morceaux de fromage à raclette. Et en mangeant doucement (et surtout sans boire pendant ou direct après le repas, pièges habituels du combo fromage+charcuterie niveau déshydratation...), je me sens très bien, pas ballonnée ni trop lourde, pas de nausées ou de diarrhées, vraiment ça passe très bien.
De manière générale je considère que j'ai une qualité de vie "normale" à présent, qui n'est plus guidée par la nourriture ni par une santé défaillante. Je mange normalement, sans me priver, et en dehors de ces cercles vicieux de régimes et yoyo.
Je suppose qu'aujourd'hui, plus de trois ans après, je continue à manger "trop" (dans le sens où j'ai plus ou moins inconsciemment compensé l'absence de "gros" repas par un peu plus de grignotage et de collations pas forcément toujours équilibrés), mais mon poids est stabilisé (il oscille entre 98 et 103kg constamment, mais je sais que le poids d'une femme change et oscille comme ça sans que ce soit considéré comme anormal).
J'ai perdu 30kg depuis le début du parcours. Mes apnées du sommeil ont totalement disparu. Mon diabète s'est résorbé et ne s'est pas manifesté pendant plus de 2 ans. Mes angoisses ont énormément diminué grâce au suivi psychologique et à ma santé qui s'est améliorée. J'ai arrêté de souffrir de cette fatigue constante et écrasante.
C'est pour ces raisons-là que je ne considère pas ma sleeve comme un échec, bien au contraire. Évidemment je n'ai pas perdu autant que je l'espérais, mais je ne sais pas si vous pouvez vous en rendre compte : 30kg c'est déjà énorme, et j'ai beaucoup changé, que ce soit esthétiquement ou au niveau de la santé. Je me suis débarrassée de certaines maladies qui étaient très difficiles à vivre, et même physiquement le handicap est tellement moins important, j'ai tellement plus de facilités à me mouvoir et me déplacer... Je suis allée jusqu'à 134kg au maximum, et j'en suis à 100kg aujourd'hui, et c'est totalement le jour et la nuit au niveau ressentis corporels.
Voilà deux simples petites images pour illustrer ce dont je parle.

